Critique Blade Runner 2049


Comme un rêve éveillé...


L'annonce même du projet a fait couler beaucoup d'encre et avait de quoi rendre dubitatif. Le "Blade Runner" de Ridley Scott sorti en 1982, a révolutionné le genre de la science fiction autant que le cinéma de manière générale. Aujourd'hui encore, près de 30 ans plus tard, ce film ne cesse d'influencer le cinéma contemporain (la série "Altered Carbon" ou le récent "Ghost In the Shell" par exemple). Alors comment réussir à donner une suite à un film aussi culte ?


Pour ma part, j'avais apprécié "Blade Runner" sans qu'il ne me marque et ne me bouleverse réellement. A vrai dire, j'avais surtout été frappée par l'aspect immersif du long-métrage, principalement dû à l'ambiance (les plans d'une ville sombre et désolée où la pollution est maître me restent encore en tête) et à la musique de Vangelis qui était particulièrement marquante et collait parfaitement à l'atmosphère du film.


La première chose qui m'a alors attiré dans ce projet était son réalisateur, Denis Villeneuve. Il a su s'imposer comme l'un des meilleurs réalisateurs de ces dernières années et a su aborder de multiples thèmes à travers ses œuvres tout en se les appropriant. Que ce soit par le thriller policier avec "Prisoners", la science fiction avec "Premier Contact" ou encore le thriller psychologique avec "Enemy". Le fait que Denis Villeneuve soit à la réalisation m'a donc rassuré.


Tout d'abord interrogé et un peu craintive vis-à-vis du film, il ne m'a fallut que quelques minutes pour être conquise. L'immersion dans ce monde post-apocalyptique a été totale pour moi. L'esthétique du film donne une beauté visuelle de tous les instants. Elle se révèle par des images marquantes, comme celle d'un Los Angeles détruit et engloutit dans une poussière orangée qui, malgré son caractère angoissant, n'en reste pas moins sublime.

Un des éléments marquant du film est son aspect très organique (les asticots au début du film dans les mains du personnage joué par Dave Bautista et le fluide jaunâtre sur le nouveau répliquant par exemple). Le montage sonore accentue ce phénomène, rendant tous ces éléments très palpables. Étonnamment, les moments de silence sont également très forts et participent à cette sensation de lourdeur et de monde dévasté. C'est le cas dans une scène qui m'a particulièrement marqué, où l'agent K (interprété par Ryan Gosling) s'enfonce dans Los Angeles. Il marche, aucun bruit ne sort de ses pas, la poussière semble dominer toute sorte de vie et semble également s’immiscer dans chaque pore de sa peau. On se sent comme étouffé voir asphyxié par cet environnement pesant dont le silence accentue la portée. Paradoxalement, il se dégage une incroyable beauté dans cet environnement de désolation.


De nombreuses scènes du film sont marquantes également par leurs sens et le questionnement qu'elles proposent (les robots sont-ils plus humains que les humains eux-mêmes ? Un thème, certes, déjà abordé dans le Blade Runner de 1982, mais que j'ai trouvé plus appuyé et intéressant dans ce film). Que ce soit cette scène de guerre par écran, la scène de sexe entre IA/réplicant... Le film propose des réflexions intéressantes sur la place de l'homme dans le monde ainsi que sur l'écologie (la scène des vaisseaux déversant des tonnes de déchets dans des décharges à ciel ouvert, est bien plus proche de la réalité que de la fiction).

Ainsi, je n'ai absolument pas trouver le film long ou même lent, car chaque plan et chaque scène ont un sens, un but et tendent à développer l'histoire. C'est un film qui se vit comme une expérience à part entière. La musique reste dans les mêmes sonorités que le premier long métrage sans la copier. Elle arbore son propre style qui s'accorde parfaitement à l'atmosphère de ce film.


Blade Runner 2049 est un film d'une puissance folle de part son caractère immersif et les réflexions pertinentes qu'il expose. Il s'agit d'un film qui se vit comme une expérience à part entière, un anti-blockbuster qui restera l'une de mes meilleures expériences dans une salle de cinéma...

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