Critique de Ready Player One



Il est vrai que cela fait longtemps que je n'ai rien publié sur le blog, pour marquer le coup voici une critique sur un film qui n'est plus vraiment d'actualité mais qui était tout de même très attendu.



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Ready Player One de Steven Spielberg  🌟🌟🌟
Welcome in the oasis !

En janvier 2018, est sorti au cinéma en France, Pentagon Papers dont le nom original est The Post. Le film est inspiré de faits authentiques : les Pentagon Papers, l'un des premiers scoop de l'histoire du journalisme américain au début des années 70 ainsi que du scandale qui en a découlé.
Il s'agissait là du 31 ème film de Steven Spielberg, un brûlot politique tel qu'il les aime, une ode à la presse journalistique à la manière de Les hommes du président d'Alan J Pakula, car depuis une dizaine d'année maintenant, Spielberg est devenu un cinéaste politique à part entière avec des œuvres récentes tel que Cheval de guerre, Lincoln ou Le pont des espions. On oublierait presque que l'on parle du roi du divertissement, l'homme qui a défini les bases du blockbuster dans les années 80, tout simplement l'un des plus grand réalisateur actuel capable de passer d'un drame politique à un divertissement haut de gamme. Seul Spielberg est capable de faire la même année Jurassic Parc en emportant avec lui le box office et La liste de Schindler qui remporte sept oscars (dont celui de meilleur film et de meilleur réalisateur). Soit deux films complètement opposés sur le papier et qui représentent bien sa filmographie. Nous étions en 1993 et Spielberg régnait en maître sur Hollywood.
Cette année Spielberg était de retour pour notre plus grand plaisir ou déplaisir pour les moins convaincus (oui, il y en a toujours) avec non pas un film mais bel et bien deux pour le prix d'un, Pentagon Papers en janvier et Ready Player One en mars.
Soit un film politique et un film axé beaucoup plus sur le divertissement si l'on veut caricaturer les choses. N'oublions pas que Spielberg est toujours là dans l'arène, il veut montrer qu'il en a encore sous la pédale en signant 13 ans après La guerre des mondes, son grand retour à la science fiction.
Un retour scruté, attendu mais aussi redouté, le grand Spielberg allait il être à la hauteur ? Est il toujours capable de produire un film de divertissement d'un gros calibre ?

De prime d'abord, en voyant le résultat on serait tenté de dire que oui. Ready Player One est sans doute à ce jour, son film le plus ambitieux d'un point de vue technique et visuel. Le film qui lui a demandé le plus de temps en post production, le plus d'énergie, il s'agit bel et bien d'un film testamentaire, un des derniers cadeaux de Spielberg à ses fans et au monde du cinéma en général.
Mais quel est exactement ce film qui a fait autant parler de lui avant sa sortie que pendant.
Ready Player One est l'adaptation du roman du même nom d'Ernest Cline paru en 2011.
Dans le film de Spielberg l'action se passe en 2045. Le monde a subit de graves crises, de nombreux désastres causés par la famine, la guerre, le changement climatique. Dans ce monde chaotique l'OASIS est un système de réalité virtuelle accessibles notamment par l'intermédiaire de casques ou la majorité des gens s'y retrouvent afin d'oublier tous leurs problèmes. Son créateur James Halliday était un des hommes les plus riches de la planète avant son décès. A sa mort, une vidéo est diffusée expliquant qu'il léguera toute sa fortune à celui ou celle qui trouvera l'easter egg ( œuf de Pâques ) caché dans l'OASIS. Wade Watts un jeune orphelin de 18 ans apprenant cela va tout faire pour y arriver étant un grand amateur et connaisseur de l'OASIS.
Voilà le concept de départ de ce film alternant avec brio les passages dans le monde virtuel et la réalité. Comme dans tout film de ce genre, ce n'est pas amusant s'il n'y a pas d'ennemis et Wade Watts doit se confronter à la multinationale IOI et son PDG Nolan Sorrento prêt à tout pour s'emparer du monde virtuel.
Oui le film aurait pu se tenir à un banal affrontement entre le bien et le mal, oui le film aurait pu être un de ces blockbusters tiédasses et sans intérêt que Hollywood a l'habitude de pondre, fort heureusement, le réalisateur est tout sauf banal, il s'appelle Steven Spielberg et quand on s'appelle Steven Spielberg et qu'on est le roi du divertissement, ce type de film est parfait pour montrer que l'on n'a pas perdu la main.
Si l'on doit s'intéresser au film d'un point de vue uniquement du divertissement haut de gamme, alors oui il n'y a aucun problème sur ce point là, Spielberg a amplement réussi son pari et signe un des meilleurs divertissements de ces dernières années si l'on excepte le Mad Max Fury Road de George Miller quand même un ton bien au-dessus (et oui George aussi il en a encore sous le pied !).
Les allers-retours entre la réalité virtuelle et le monde réel sont rondement menés, soulignons que cela demande une certaine maîtrise aussi bien de la part du réalisateur, que de l'équipe s'occupant des effets spéciaux. Ready Player One est, dès ses premières minutes par sa séquence d'ouverture, un spectacle jouissif qui veut en mettre plein les yeux. L'entrée dans l'OASIS était attendue et le spectateur n'est pas déçu, il explore au même rythme que Wade ce monde virtuel où tout le monde a sa place, ce monde rempli de références à la culture populaire, un monde qui nous rend nostalgique et donne une seule envie, s'y rendre immédiatement. Nous ne sommes plus dans un film, nous sommes dans un jeu vidéo et Spielberg est le créateur ultime, c'est vraiment la sensation que l'on ressent les vingt premières minutes du long métrage. La première course à laquelle participe Wade pour trouver la première clé alterne des moments d'anthologie se faisant trop rares dans le cinéma de divertissement pur, les courses pètent le feu, on s'y croirait , les moteurs vrombissent, accélèrent. Nous sommes bien dans le jeu vidéo ultime et quel plaisir de se retrouver face au T-rex de Jurassic Park et à King Kong ! Le plaisir des joueurs est contagieux et on le ressent durant tout le temps que dure la course, un moment qui n'est pas sans rappeler encore une fois le Mad Max Fury Road de George Miller et la saga Mad Max en général. Le film aurait pu se contenter d'aligner ce genre de scènes afin de remplir le contrat d'un film de divertissement, heureusement ce n'est pas le cas et c'est tout autre chose qui intéresse Spielberg. La quête est très présente dans son cinéma que ce soit dans les Indiana Jones ou plus récemment dans un autre film de science fiction comme Minority Report. Dans les deux exemples le héros doit mener une quête en compagnie le plus souvent d'alliés et dans son aventure il doit faire face à des ennemis qui le traquent sans merci.
C'est le cas dans son dernier né, Wade Watts est accompagné d'alliés virtuels d'abord car il ne connaît pas leur véritable identité et doit faire face la multinationale IOI et à son PDG. Ce personnage de grand méchant prêt à tout pour contrecarrer les plans du héros est très présent dans le cinéma de Spielberg , il s'agit d'une sorte de double maléfique du héros qui finalement veut la même chose que lui pour des raisons différentes. Que serait un bon divertissement sans bon méchant ?
Plus qu'un film de divertissement, Ready Player One est avant tout un vrai film de cinéma, plus que les références à des films apparaissant sous la forme d'objets (le cube de Zemekis, le géant de fer...), plusieurs scènes sont des hommages directs à des grands noms du cinéma. La course de voiture au début évoque bien Mad Max comme déjà dit précédemment. La scène de bal ou Wade et Art3mis dansent sur une piste géante dans le ciel peut évoquer La fièvre du samedi soir de John Badham et puis il y a LA SCENE, celle dont tout le monde parle à la sortie du film, la scène qui donne une seconde vie à Shining de Stanley Kubrick. Plus qu'un hommage à son mentor et ami, on est face à une discussion, un dialogue, entre deux cinéastes, deux entités, deux films, deux lieux différents, les personnages principaux se retrouvent dans le film original transformé en jeu vidéo.
Plus que la musique résonnant dans les murs, on a l'impression de revivre chaque scène du film original, les dangers peuvent survenir à tout moment et ce qui était un film d'horreur se transforme sous nos yeux en jeu d'horreur. Avec cette scène, Spielberg nous montre ce qu'il est possible de faire par le biais du cinéma en ayant à sa disposition une copie neuve du film de Kubrick, un cauchemar aussi bien pour les joueurs que pour les spectateurs, jamais Shining ne sera apparu aussi vivant au cinéma.
Oui le film est une déclaration d'amour au cinéma, aux maîtres de Spielberg ; à ceux qui lui ont donné envie et le goût de faire des films. Nous sommes face à un bon divertissement qui nous en met plein les yeux , calibré parfaitement pour remplir sa tâche et c'est peut être là le problème.
Ready Player One est certes un bon film de divertissement, par tous les enjeux qu'il dresse durant le film, il aurait pu aller bien plus loin qu'un banal affrontement entre bien et mal. Venant de Spielberg le roi de « l'entertainment », nous étions en droit d'en attendre un peu plus. On ne peut pas dire que l'on est déçu lorsque l'on sort de la projection mais oui il y avait d'avantage à creuser et Spielberg aurait pu transformer un simple divertissement en un chef d’œuvre de la science fiction, ce qu'a réussi à faire par exemple Denis Villeneuve pour Blade Runner 2049.

Si on est diverti au début, il apparaît très vite que le film dure bien trop longtemps pour séduire totalement. Plus on approche de la fin et plus le long métrage tire sur la corde et devient poussif.
Nous ne sommes plus surpris, la bataille de fin n'est pas spectaculaire, oui toutes les références inimaginables prennent part à la bataille mais le cœur n'y est plus. Ready Player One finit par devenir pompeux et lassant. La faute sans doute à trop de répétitions, une fois que l'OASIS nous est présenté, nous ne sommes plus vraiment surpris (à part les scènes décrites précédemment), d'accord on est dans un jeu vidéo et alors ? L'OASIS sert à nous montrer le lieu où sont les personnages principaux sans ajouter de véritable fond, après tout il n'est qu'un prétexte à la quête, un monde parallèle, virtuel où évoluent les personnages mais qui n'apporte rien à l'histoire. Il en est de même pour les principales références qui n'ont pas de poids véritable dans l'histoire, à croire véritablement que le public cible de ce film doit avoir moins de quinze ans.
Le monde réel est à la limite plus intéressant car il s'y passe plus de choses et cet espace fait de bidonvilles où vit le héros sert plus à l'histoire et raconte plus de choses que l'OASIS.
Le plus gros défaut du film est sans conteste la romance entre Art3mis et Wade , leur rencontre dans l 'OASIS était pourtant bien amenée cependant quand elle commence à lui dire qu'il ne l'aimera pas à cause de son physique, on espère que les scénaristes ont une explication qui tient la route, au lieu de cela, la jeune fille très belle a simplement une cicatrice. Le reste de leur relation amoureuse est navrante ainsi que la fin où l'OASIS est fermé certains jours pour qu'ils puissent en profiter, on vient à se demander si Spielberg s''est vraiment occupé de ces passages là.

Malgré ces quelques défauts, le film se situe au dessus de la moyenne des blockbusters habituels (le niveau étant tellement bas) et on peut dire que Spielberg s'il n'a pas révolutionné le genre et son cinéma a réussi son pari en signant une œuvre jeune, divertissante et entraînante tout en rendant hommage à ses maîtres. Il n'a rien perdu de sa mise en scène, en atteste la scène d'introduction en plan séquence et reste actuellement l'un des patrons du divertissement du haut de ses 71 ans.
Si le film ne fera sans doute pas parti des films que l'on retiendra en premier dans son immense filmographie, il est évident qu'il apparaît un peu comme son œuvre testamentaire, une œuvre globalement réussie mêlant les thèmes chers du réalisateur que sont la jeunesse, la quête, la culture populaire, la création. Oui James Halliday est un des alter ego du réalisateur dans le film, l'autre étant Wade Watts, ce jeune rêveur qui continue et continuera toujours de rêver et de croire en ses rêves tel Steven Spielberg qui a toujours voulu faire du cinéma.







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